Un peu de culture générale
Je commence avec un zeste de culture générale : sais-tu d’où vient le mot « pédagogie« , qu’on entend un peu partout dès qu’il s’agit d’enseignement?
Ça vient du grec, et l’étymologie nous apprend qu’il vient de 2 mots, « l’enfant« , et « marcher à côté« . En effet, dans la Grèce antique, le pédagogue était l’esclave qui marchait à côté de l’enfant de son maître, et qui lui faisait réciter ses leçons.
Tu n’es pas un enfant, bien sûr. En revanche, je suis certaine que tu as gardé ton âme d’enfant, je t’en parlerai après-demain.
Ce qu’il est intéressant de noter, c’est que le pédagogue n’est pas en face de l’enfant, il est à côté. Je le dis souvent à mes élèves qui viennent ici pour des cours : je ne suis pas le « maître » qui est debout devant l’apprenant, qui est là pour décider si la leçon est apprise ou pas, et qui dispense son savoir magistralement.
Je suis à côté, assise un peu plus loin ( je déteste « manger » l’espace intime autour d’une personne) et j’accompagne le·la pianiste en devenir, en cheminant à ses côtés. Nous avançons ensemble, nous essayons telle ou telle manière d’y arriver, parfois en faisant un pas de côté pour contourner une difficulté, parfois en revenant en arrière pour mieux l’appréhender au contraire.
La vraie pédagogie est celle qui respecte et l’apprenant, et l’enseignant, qui doivent chacun y trouver leur compte !
Le rôle de la transaction financière
Je vais te l’avouer : l’argent est un formidable moteur dans la relation prof-élève.
J’ai commencé à le dire haut et fort lorsque j’enseignais en école de musique, devant des adultes qui arrivaient, confus, en m’avouant qu’ils n’avaient pas touché leur piano depuis la semaine précédente. Ma réponse fusait : pas de souci, je suis payée pour être gentille ! Tu as payé en t’inscrivant pour l’année, quels que soient tes résultats, et en échange je me dois d’être bienveillante et positive…
Bien sûr c’est très schématique. Tout en étant profondément vrai !
Il y a échange, un échange matérialisé par l’argent, et mon boulot est bien d’être attentive et bienveillante puisque j’ai été engagée pour cela. On ne m’a pas engagée « conditionnellement », à n’être sympa et chaleureuse que lorsque la personne a progressé, joué 3 heures de piano par jour (rassure-toi, personne ne le fait !) et le reste du temps montrer un visage maussade si les progrès ne sont pas au rendez-vous.
Il m’a fallu un certain temps pour intégrer le fait que, quels que soient les résultats de mes pianistes, je me devais de rester toujours enthousiaste et positive, et cacher ma déception parfois. Déception qui me renvoie à mes attentes et mes projets, lesquels ne sont pas forcément ceux de mes élèves !
Alors, la pédagogie… en deux mots, c’est l’amour et le respect. Et j’en ajoute un autre, l’écoute bienveillante. Ce qui ne veut pas dire que tout est toujours bien, qu’il ne faut pas corriger un doigté ou retravailler la partition. On peut être respectueux, et exigeant !
Qu’en penses-tu? j’attends tes commentaires avec impatience,
Et avec bienveillance,
