Mais oui, qui a inventé le piano?
En voilà une question…
Eh bien non, ce n’est pas monsieur piano, comme le Baron Sandwich ou le préfet Poubelle qui ont laissé leur nom à la postérité.
Il était une fois… Un musicien, bricoleur de génie, qui s’appelait Bartolomeo Cristofori. Son nom n’a aucune importance mais ça me permet de frimer un peu…
À son époque on jouait du clavecin, dont il était d’ailleurs un facteur réputé. Facteur d’instruments, cela signifie “faiseur”, c’est un fabricant.
Le clavecin, c'est quoi?
Un clavecin c’est un instrument à clavier. Parfois la couleur des touches est inversée par rapport au piano : de longues touches noires et de petites touches intermédiaires blanches.
L’intérieur n’a rien à voir avec le piano ! Leur seul point commun ce sont les cordes… Celles du clavecin sont “pincées”. Lorsqu’on actionne une touche du clavier, à l’intérieur l’autre extrémité de la touche comporte une espèce de “griffe” qui gratte la corde au passage.
C’est un peu le principe de la guitare dont les cordes sont « grattées » par les doigts du guitariste, ou son médiator.
Le volume sonore du clavecin est discret. C’est d’ailleurs pour cette raison que de nombreuses notes sont “décorées” avec des broderies, des trilles, pour prolonger la résonance du son.
Quand l’instrumentiste joue, qu’il appuie fort ou pas, le son est à peu près identique.
Dans la vidéo qui suit, tu comprendras mieux les subtilités de cet instrument méconnu ! ( et un superbe extrait musical à partir de 4’25)
Le piano-forte de Cristofori
Cristofori a eu l’idée de combiner plusieurs instruments . Il a associé la technologie du clavier qui permet de jouer de nombreuses notes en même temps, et le principe des petits marteaux qui frappent des cordes. Ainsi le son est plus velouté et moins métallique que celui du clavecin.
Plusieurs instruments de la famille des cithares sur table se jouent en tenant les petits marteaux dans les mains. Tu as peut-être déjà vu des joueurs de Cymbalum, avec leurs 2 petites mailloches par main. D’une virtuosité impressionnante, ils se produisent dans certaines villes en été.
L’astuce de Cristofori a été d’amplifier le potentiel des Cymbalum, en les associant à un clavier. Et le super effet secondaire, en plus de la virtuosité, a été de pouvoir moduler le volume sonore de ce nouvel instrument. En effet, quand tu “lances” tes doigts avec énergie, le son est fort, et quand tu joues délicatement, le son est doux.
C’est pour cela que son instrument, né en 1711, fut nommé, en français (je te fais grâce de la version originale en italien) “instrument à clavier à voix douce et forte”, tellement c’était précieux pour les musiciens. Voici une pièce originale composée pour piano-forte, et jouée sur le plus ancien piano-forte connu, fabriqué par son inventeur en 1720 .
Alors finalement, qui a inventé notre piano actuel?
Notre piano actuel… n’a plus grand-chose à voir avec l’original !
Depuis 1711 le piano-forte, dont le nom fut rapidement raccourci en “piano”, a connu de nombreuses évolutions. Le premier piano à queue est apparu en 1770, chez un facteur hollandais. Mais ce sont les français Erard qui, avec un système de double-échappement –une astuce pour que les marteaux soient plus réactifs- ont contribué à faire du piano un instrument pour virtuoses, en 1822.
L’américain Steinway en 1855 impose le concept du cadre métallique, qui permet de résister à la tension actuelle de 15 à 20 tonnes pour un piano à queue de concert.
Notre piano actuel est donc très international ! Il est à peu près défini dans sa forme actuelle depuis un peu moins d’un siècle. En revanche, les grandes marques internationales ne cessent d’y apporter de nouveaux perfectionnements. Pour améliorer le son, ou la résonance, ou la souplesse du toucher…
Ce qu'il faut retenir?
Les naissances d’instruments ont toujours été le fait de bricoleurs-bidouilleurs géniaux. Il fallait avoir le culot d’inventer, de créer, d’aller de l’avant. Je dis merci à tous ces curieux qui ont innové pour notre plus grand plaisir.
Et j’attends avec curiosité les prochaines inventions de notre XXIème siècle…
Demain, nous parlerons d’un (injustement ) mal-aimé… j’ai nommé le solfège !
