Aujourd’hui nous allons parler de culture cinématographique.
Tu te souviens de Dirty Dancing, ce film-culte si on aime les années 60, la danse, et Patrick Swayze?
Ça commence en dansant
Le danseur-chef de troupe, incarné par Patrick Swayze, apprend à Jennifer Grey la chorégraphie (qui deviendra culte !) de leur show. Il lui explique l’espace virtuel qu’ils doivent laisser entre eux pour que les mouvements soient harmonieux.
On se souvient de sa réplique “Ton espace… Mon espace”. Réplique accompagnée d’un mouvement circulaire du bras, qui représentait bien un espace vide devant lui, dans lequel sa partenaire n’avait pas à faire irruption.
Moi je me souviens aussi de la scène du “porté” avec délices…
Quel rapport avec le piano?
Eh bien, lorsque tu joues du piano, tu crées une espèce de bulle virtuelle dans laquelle tu joues. Imagine une énorme bulle de cristal qui vous englobe, toi et ton clavier.
Ton public est lui aussi dans sa bulle. Pendant que tu jouais, les auditeurs ont rêvassé, sont partis dans leurs pensées, dans leur bulle.
Lorsque tu termines ton morceau, au lieu de te lever juste après ta dernière note, pense à ôter tes mains lentement du clavier, délicatement. Un peu comme si tu quittais à regret ton monde virtuel.
Tu dois faire sentir à ton auditoire que ça y est, tu as fini, tu réouvres un espace commun en sortant de ta bulle.
Ainsi, eux ne sont pas tirés brutalement de leurs pensées, aussi intéressantes et riches et constructives soient-elles. Ils peuvent progressivement revenir dans votre espace commun.
C’est extrêmement important, ce respect mutuel entre interprète et auditeur. Si on n’en tient pas compte, il y a quelque chose de loupé dans la relation.
Un autre exemple ?
Je me souviens d’un professeur à la fac, qui avait ce don de pouvoir transposer n’importe quelle œuvre orchestrale, une symphonie par exemple, dans ce qu’on appelle une “réduction pour piano”. Sans aucune préparation, d’après la partition pour orchestre (écrite sur, au moins, 15 lignes différentes qu’il faut lire simultanément ), il se jetait sur son piano. Là, il jouait avec une maestria extraordinaire, pour illustrer son propos pendant le cours d’histoire de la musique.
Mais, victime d’une timidité pathologique, sitôt le dernier accord arraché du clavier, il se levait brutalement. Après avoir repoussé son tabouret, il rangeait ses dossiers et avait déjà franchi la porte alors que nous en étions encore dans les harmonies de la dernière phrase musicale. Quelle frustration, pour tout le monde !
Pour nous ses étudiants, qui ne trouvions pas de place pour exprimer notre admiration ou notre bonheur d’avoir mieux compris. Et bien sûr pour lui, qui se privait de la joie du partage…
Alors, la prochaine fois que tu joues pour tes amis ou un public, n’oublie pas…”TON espace…MON espace “
Tu en penses quoi? Je suis curieuse d’avoir ton avis sur cette notion de bulle. N’hésite pas à commenter, je te lirai avec plaisir !
Avec passion et bienveillance,
